20 mars 2007

Qu'est-ce que tsu dzis?


Tel qu'annoncé lors de mon dernier commentaire, voici ma première chronique linguistique sur le français canadien.

Je dirais que la caractéristique sonore la plus importante est celle que l'on nomme assibilation, ou affrication. Ce phénomène consiste à ajouter une fricative -- le son -s ou le son -z -- lors de la production du -t ou du -d, mais seulement devant les voyelles -i et -u. Ainsi, un Québécois normalement constitué dira petsit, dzifficile, tsunique ou dzune (petit, difficile, tunique et dune, respectivement), mais doux ou tarte, ici sans entraver la consonne initiale.

La raison qui explique ce phénomène est très simple. Le -t et le -d sont deux consones produites dans le haut et à l'avant de la bouche en faisant appuyer la langue contre les dents. En fait, la seule différence entre ces deux consonnes se situe au niveau des cordes vocales. Pour le -z, les cordes vocales vibrent (consonne sonore) alors que pour le -s, les cordes vocales ne bougent pas (consonne sourde). En se rendant vers le -i et le -u -- elles aussi produites dans le haut de la bouche, mais plutôt vers l'arrière -- la langue rencontre en quelque sorte l'une de ces deux consonnes, à mi-chemin entre le -t ou le -d et ces deux voyelles. Le -t, elle aussi une consonne sourde, sera donc entravé par le -s alors que le -d, l'équivalent sonore du -t, copinera plutôt avec le -z.

Ce phénomène est si répandu en français québécois qu'il passe pour ainsi dire inaperçu dans sa communauté linguistique. En fait, c'est l'absence d'assibilitation qui est marquée: c'est l'indice par excellence permettant d'affirmer qu'un locuteur n'est pas originaire du Québec.

Bien qu'il soit impossible de neutraliser complètement ce bruit causé par le mouvement articulatoire de la langue, cette particularité s'est développé en français québécois plus que dans les autres variétés, au point où on peut parfois avoir l'impression de ne plus entendre la consonne initiale. Quelles qu'en soient les raisons, force est de constater que ce phénomène répond à des règles dictées par la configuration de notre appareil articulatoire (la bouche) et qu'il est régi par une logique interne sans faille. En effet, ce phénomène est systématique et ne connaît aucune exception.


2 commentaires:

grocanar blog a dit...

ahhhh merc cher quebecoise ambulante.

Je sais maintenant pourquoi je ne comprends pas les quebecois quand ils parlent francas :)

grocanar blog a dit...

bon et moi je susi toujours aussi dyslexique du clavier :)