05 mai 2007

Le saviez-vous, vous autres?

Voici une nouvelle capsule linguistique... ! Cette fois-ci, plongeons-nous dans la syntaxe... le mot vous rebiffe peut-être, mais vous verrez, ce n'est pas si compliqué.

Très souvent, au lieu de s'en tenir à "nous", "vous" ou "eux", les Québécois diront "nous autres", "vous autres", "eux autres"... Ca vous semble bisarre? Mais pas du tout! En faisant ainsi, les Québécois distinguent deux types de pronoms: les pronoms que l'ont dit faibles et ceux que l'on dit forts. En français de référence, les pronoms faibles (que l'on appelle dans les grammaires courantes les pronoms d'objet direct et indirect) ont les propriétés suivantes: ils sont réductibles et/ou non-déplaçables. Par exemple, me, te, le et la se réduisent à m', t', et l' et dans une phrase comme je m'/t'/l'aime, le pronom ne peut se situer nulle part ailleurs dans la phrase. On ne dira pas *J'aime te.

Les pronoms forts maintenant (que l'on appelle dans les grammaires courantes les pronoms disjoints). Au contraire des autres, ces derniers sont déplaçables mais non-réductibles. Ainsi, moi, toi, lui, eux peuvent se déplacer dans une phrases mais leur forme sera sera en aucun cas transformée: Moi, je l'aime. Je l'aime, moi. Mais pas: *Me, je l'aime.

Notez que j'ai évité de mettre dans mes deux listes de pronoms - les forts et les faibles - les formes qui se recoupent dans les deux catégories. En effet, que l'on parle de l'une ou l'autre des deux catégories, on aura nous et vous peut importe le type de pronoms. Par exemple: nous, il nous aime. Le premier pronom est fort (déplaçable) et le deuxième est faible (non-déplaçables). On pourrait avoir: Il nous aime, nous mais pas: *Il aime nous, nous. La surutilisation d'une même forme pour exercer deux fonctions constitue une faiblesse structurale dans notre langue.

Jusqu'à ce que les Québécois s'en mêlent... Alors que le français dit de référence ne fait pas la distinction entre les formes faibles et fortes pour les pronoms pluriels, cette distinction est très claire en français québécois. On aura donc:

En français standard

formes faibles: me, te, le, nous, vous, les
formes fortes: moi, toi, lui, nous vous, eux

En français québécois

formes faibles: me, te, le, nous, vous, les
formes fortes: moi, toi, lui, nous autres, vous autres, eux autres

Nous autres, les francophones du Canada, on a perçu et corrigé un phénomène de réduction structurale. Autrement dit, là où il n'y avait pas de distinction (les pronoms pluriels), nous en avons introduit une (et "eux autres" suit par principe d'analogie). Le saviez-vous, vous autres?

2 commentaires:

Idealistic Pragmatist a dit...

This is really cool! I had no idea.

grocanar blog a dit...

ahhhh mais qu'est ce qu'ils inventent pas les quebecoises pour se justifier :)

P.S.
sniff le vol de vivi est annullée je pourrais pas la voir.
je suis mega deçu