Plus tôt cette semaine, j'ai assisté à un spectacle de Michel Rivard, accompagné de ses deux excellents, brillants musiciens, Mario Légaré et Rick Haworth, ici même à Edmonton. Quel régal musical!! Quand on peut entendre le bassiste taper du pied et distinguer le regard des musiciens, le moment est magique. Et quel plaisir de se rappeler la solitude de la banquise, de maudire notre bonheur fuyant, de côtoyer le "yable" et le bon "yeu" en personne, de silloner les ruelles de Montréal, de pleurer pour rien et de revivre nos 16 ans en compagnie de ce fou du village. Il manie si bien cette belle langue française aux accents d'Amérique qu'on a envie, justement, de pleurer pour rien et pour tout à la fois. Tout ça dans une salle intimiste devant une foule parfois attendrie, parfois amusée, souvent exhubérante, mais ô combien comblée. Michel, Mario et Rick ont-il pu humer la fierté linguistique qui allumait chaque tête de pipe? Ma tête est encore étourdie de cette fumée ennivrante.
L'association Rivard-Légaré-Haworth est en soi une belle métaphore d'un Canada bilingue équilibré. La bienvenue que Michel Rivard a souhaitée en anglais aux anglophones dans la salle était de bon goût. Par contre, quand il a félicité la foule de vivre en français dans l'Ouest canadien, quand il nous a raconté les ratés de CBC par rapport à un spectacle bilingue dont on a télédiffusé la partie anglophone seulement, j'ai commencé à lever les yeux au ciel. Je ne crois pas qu'il l'ait fait pour s'attirer un capital de sympathie; il nous avait déjà dans sa poche. Je crois plutôt que ça fait partie de ce qu'un francophone bien pensant - et qui plus est amoureux de sa langue - se doit de dire en pareilles circonstances. La question est peut-être de savoir pourquoi ce type de discours m'énerve. Est-ce parce que c'est patriotisme mal placé? Ou parce que je n'aime pas qu'une tribune culturelle qui devienne politique? Ou bien est-ce que parce que les discours alarmistes sur le statut de la langue française m'énervent? Oui, oui et oui. C'est le nombrilisme des francophones, je crois, qui me révulsent. Je crois qu'on aurait avantage, dans ce pays, à freiner les alléluias au "francophonisme" et plutôt à encourager le bilinguisme. Certains diront que ce bilinguisme mène à l'unilinguisme anglophone. I don't believe it for one minute!
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