Si la plupart des Égyptiens ne possède pas de voiture faute d'en avoir les moyens, les modes de transport sont nombreux et abordables. Le tuk-tuk et mini-bus sont les moins dispendieux, mais ils ne s'avèrent ni confortables ni rapides. Le taxi est le choix par excellence. Il suffit d'attendre quelques minutes sur le bord de la route pour qu'il en passe un.
Tous les taxis contiennent dans leur coffre une bonbonne de gaz naturel qui sert à propulser l'engin une fois le moteur mis en marche grâce à un fond d'essence dans le réservoir. S'ils ont en commun la méthode de combustion, ce sont autrement de vrais boîtes à surprise. Tous sont cabossés, mais à des endroits différents. Leur habitacle est souvent poussiéreux, d'autres ont les sièges crevés et perdu la couverture intérieure des portes. La suspension est toujours optionnelle et les ceintures rarement opérationnelles. Certains chauffeurs fument à fond, plusieurs écoutent de la musique à fond les ballons tandis que d'autres conduisent à fond de train.
Ce n'est qu'après avoir monté dans trois ou quatre véhicules différents que j'ai apprécié à sa juste valeur notre chauffeur Ramadan. Moyennant un petit supplément, il vient nous chercher à la porte, attend tranquillement que nous fassions nos courses puis nous ramène à notre point de départ. Il conduit avec douceur, ce qui est assez rare, et fait marcher l'air climatisé, ce qui l'est encore plus. Sa voiture possède non seulement des ceintures de sécurité mais aussi leur boucle, détail sur lequel j'insiste pour qu'on y attache le siège d'auto du bébé. Il vaut mieux être paré aux pires éventualités: le code de la route n'a qu'une seule règle, celle de céder le passage à plus gros et à plus rapide que soi, et l'angle mort est un concept inutile (on conduit plutôt la main constamment sur le klaxon).
Jusqu'à la semaine passée, Ramadan était fiable. Mais mardi dernier, il s'est présenté chez nous avec une autre voiture - pas de clim ni de boucle pour la ceinture - après s'être engueulé avec son patron qui l'a foutu à la portière. Il nous a promis de faire réparer l'air climatisé de la nouvelle voiture qu'il conduisait et de tirer les boucles de sous le siège arrière. Nous avons pris rendez-vous avec lui deux soirs plus tard. Il n'est jamais venu et ne répond plus que sporadiquement à nos appels, pour nous dire qu'il aura très bientôt, demain peut-être, une voiture convenable.
Depuis, on cherche un autre chauffeur. On a d'abord téléphoné à son collègue pour lui demander qui l'avait remplacé. C'est Mohammed qui est venu, la cigarette au bec, la tête dure (il a refusé d'allumer la clim). Un soir qu'il allait chez le barbier, Yasser est revenu avec un chauffeur recommandé par son coiffeur. Voiture toute neuve, ceintures en place. Heureux d'avoir trouvé un véhicule climatisé pour le voyage au Caire que lui et sa mère avaient prévu pour le surlendemain, Yasser a demandé au chauffeur de les prendre à 9 heures. L'homme s'est présenté à 10 h 15 sans même s'excuser. Au retour, ils ont eu une prise de becs. Mon chum ayant voulu déduire 50£ de son paiement, le chauffeur est allé se plaindre chez le barbier. Tout ça s'est finalement réglé chez le coiffeur le lendemain soir. Le chauffeur a reçu la somme promise, et sa leçon. Et moi de la faire à Yasser:
- T'aurais pas pu lui donner son argent hier et en finir là ?
- Ben quoi, y'a fallu que je donne 50£ au deuxième chauffeur que j'ai réveillé et qui s'est déplacé pour rien.
- Pis ? On en est pas à 10 piasses près ! Me semble qu'avec tout ce qui nous arrive, t'avais pas besoin d'en remettre.
- Bah, je passais par là de toute facon.
- En tout cas... Rappelle donc Ramadan pour voir s'il s'est organisé.
Ramadan ne répond toujours pas. Yasser a perdu patience et effacé son numéro de son cellulaire. À deux jours du Ramadan, je me rends à l'évidence. Il nous reste un mois et des poussières à vivre ici. Et nous le vivrons sans Ramadan (au sens propre comme au figuré).
18 juillet 2012
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