24 août 2012

Je craque pour toi mon Cairo

Le Caire est assis sur un désert. Si cela frappe l'oeil du voyageur du hauts des airs, au milieu de la mégapole seule la poussière de sable qui peint la ville lui rappelle qu'elle cache sous ses avenues bardées de palmiers une terre desséchée.

Son métro ressemble à celui de toutes les métropoles, bouillant de monde, assourdissant, suant. Dans les wagons, il fallait se tracer un chemin d'épaule en épaule et se tenir en équilibre le temps des sept ou huit stations qui séparaient notre point de départ de la Place Tahrir

C'est là qu'on y trouvait le musée égyptien. À l'entrée la police touristique ramassait les caméras et fouillait les sacs. Il y faisait une chaleur épouvantable. Hiéroglyphes, tombeaux, momies... le musée avait de quoi impressionner. Ses trésors valaient bien quelques perles de sueur, Yasser était d'accord, mais il l'était moins avec le tarif de 100 livres exigé aux étrangers pour visiter la salle des momies. Il a demandé à voir le curateur, rien de moins, pour le convaincre que sa femme, peu importe qu'elle soit Canadienne, avait droit au tarif réservé aux Égyptiens.  Il a eu gain de cause, comme à son habitude, après une bonne vingtaine de minutes de plaidoyer, le temps perdu lui aussi comme à l'accoutumance. Quand même, une économie de 95 livres.

Malgré l'heure de pointe, au retour un wagon semblait avoir été délaissé. Contents de trouver des places assises, nous nous y sommes précipités. Juste avant d'entrer dans la station suivante, une dame au regard aimable est montée jusqu'à nous et a tapé doucement sur l'épaule de Yasser.

- Excuse me. Women only.

- Oh, sorry.

Nous sommes débarqués et avons attendu le prochain métro. Celui-là étant aussi bondé que le précédent, j'ai élu d'aller m'asseoir dans le wagon réservé aux femmes et laissé mon chum se joindre aux sardines derrière la porte suivante. À l'approche de la station de Giza où nous avions l'habitude de descendre, il m'a fait signe de la fenêtre qui nous séparait.

Un autre matin, nous sommes allés nous promener le long du Nil, près de la tour du Caire qui n'a rien d'extraordinaire. Chassant l'ombre, de jeunes couples sirotaient un Seven-Up sous l'un des ponts ou dans le parc arboré qui longeait la rive. De son voilier, un homme a hélé vers nous. Il nous a fait voir quelques ponts et la Maison de l'opéra avant de nous ramener à la case départ.

Le soir venu, c'est sur un pont que nous avons regardé la ville. Celui-là et tous les autres croisant le Nil se transformaient en terrasse pour les Cairotes (oui, vous avez bien lu) à la recherche d'une bonne brise. Ils y stationnaient leur bagnole, sortaient les chaises pliantes du coffre et parfois leur petite radio à pile. Les vendeurs itinérants venaient offrir des mangues bien fraîches ou des fèves de lima bien salées. 

Une visite au Caire passait nécessairement par les pyramides, que l'on s'est amusés à grimper malgré la chaleur suffocante. Monter le long escalier étroit qui menait jusqu'à la salle du tombeau dans la quasi-noirceur m'a passablement foutu les jetons, mais emprunter le même chemin que les Égyptiens de l'époque antique valait quand même une petite frousse. 

Dehors, les trois pyramides étaient à une bonne distance l'une de l'autre. La plupart en ont fait le tour à pied tandis que les touristes en quête d'exotisme ont parcouru le tracé à dos de chameau. C'était sans doute amusant, mais la scène était plutôt pathétique...  autrement les chameaux étaient aussi rares dans le paysage égyptien que les ours noirs au centre-ville de Montréal. À la tombée de la nuit, un spectacle son et lumière qui rappelait vaguement le Moulin à images de Robert Lepage illuminait les pyramides et le sphinx.

Ville captivante, Cairo, et le Vieux-Caire qui scintille de sa splendeur architecturale malgré la poussière de sable, compense un peu pour le cafarnaum perpétuel de ce pays qui me fascine autant qu'il me déplaît.

Aucun commentaire: