20 février 2007

Comme dans speed dating

Ah... L'Office québécois de la langue française (OQLF)... celui-là même qui
est responsable de la politique linguistique québécoise en matière d'officialisation linguistique, de terminologie ainsi que defrancisation (http://www.oqlf.gouv.qc.ca).
Sur son site web, on y retrouve des capsules linguistiques parfois fascinantes. "Comme" sociolinguiste, je rigole souvent des jugements portés sur des emplois de la langue courante, comme "comme". L'OQLF nous apprend que cet emploi serait apparu dans les années 90 et aurait été influencé par l'anglais "like." Puis, on nous précise que ce petit mot représenterait un "tic du langage" car...
Il y a des contextes où comme n’ajoute rien au message. Supprimons donc ces comme inutiles.

Les agents de l'OQLF, notre référence linguistique au Canada, n'ont-ils jamais entendu parlé de marqueurs discursifs? Leçon de pragmatique 101: les marqueurs discursifs servent notamment à la coordination des interlocuteurs, à l'organisation de l'interaction et à la structuration de l'échange verbal. Ils ajoutent donc nécessairement quelque chose au message, peut-être pas au sens dénotatif, mais du moins dans l'organisation de la parole.

Un autre exemple qui cette fois-ci me fait sauter de ma chaise. Après un bref aperçu historique de l'usage des verbes "embarquer" et "débarquer" dans le contexte de monter/descendre d'un véhicule, on explique que cet usage, d'abord associé au domaine maritime, est tout à fait acceptable dans "porte d'embarquement" dans le contexte aérien. Toutefois, pour une raison assez obscure, on condamne à mots couverts l'emploi d'embarquer et de débarquer d'un véhicule, un emploi pourtant très répandu au Canada:

Pour sa part, l’Office recommande l’emploi des verbes monter et descendre (d’un véhicule, mais aussi du métro, d’un vélo, etc.), dans l’usage neutre ou soutenu tout au moins. Non pas que l’emploi d’embarquer et de débarquer dans ces contextes constitue une faute, une impropriété, mais parce que cet emploi relève du registre familier.
Encore mieux, la proposition de l'OQLF pour la traduction du concept "speed dating":
Comment rendre ce concept en français? Nous suggérons le recours à l’adjectif express ou encore à éclair, en apposition, qui suggèrent tous deux qu’une chose se fait rapidement... Ainsi, une soirée de speed dating est une soirée au cours de laquelle les participants font une série de rencontres (oserait-on parler de rendez-vous?) express ou de rencontres éclair.
Hum... voyons voir (situation simulée entre une amie et moi)...

- T'as fait quoi hier?
- Ouf, ma soirée, c'était comme bisarre, j'ai participé à une activité au cours de laquelle j'ai fait une série de rencontres express.
- Hein?
- Ben oui, tu sais, des rencontres éclair?
- Comprends pas...
- Ben oui, c'est comme une blind date mais avec beaucoup de monde. Tu rencontres comme 10 personnes pendant deux minutes chacune.

Et là mon amie fait comme:

- Ah, ok... comme dans speed dating, tu veux dire?
- C'est ça que j'te dis: des rencontres éclair!
- Oui, oui, je vois. T'as pas aimé ça?
- Ben, au début, j'étais nerveuse comme, mais après deux minutes, si t'as pus rien à dire, c'est pas grave. Tu passes à une autre personne!
- Ouais!
- Y'a une autre soirée comme ça la semaine prochaine. Embarques-tu?

19 février 2007

Lez Canadians dé Montreal

This is too good not to share...

I was on the bus with a friend the other day, talking about this and that in French. I guess it's like having to listen to someone speaking on her cell phone in a bus: you can hardly ignore it. So every now and then, speaking French in a confined space like this gets some kind of reaction, as it did that night. My friend was talking to me from her front seat when someone sat beside her. Interested, he asked whether we were speaking French... already giving us some clues as to the extent of his French. When she confirmed, he asked whether she'd like a "demonstration" of his abilities in la langue de Molière. Sure... So, there it went: Lez Oilers dé Edmonton, lez Flames dé Calgary, lez Canucks dé Vancouver, lez Canadians dé Montreal, lez Maple Leafs dé Toron'o. Wow... his performance was almost as "amazing" as the Habs' this season!

23 septembre 2006

Le français à TOUS les Québécois

Au moment où j'écris ces lignes, je crois qu'il n'est plus nécessaire de faire la démonstration que la position de Jan Wong est non seulement farfelue mais également empreinte du racisme qu'elle veut dénoncer. J'aimerais toutefois noter au passage que l'article illustre une pensée dichotomique de la part de l'auteure qui ne fait qu'agrandir le fossé entre les communautés francophone et anglophone. Par exemple, la Gazette est pour elle "the city's only English-language daily" et Montréal, une ville qui a deux identités: "although Montreal is a big city, English-speaking Montreal is not." Elle réutilise les termes ethnophobes qu'elle répugne en indiquant que le tueur de Dawson, Marc Lépine ou Valery Fabrikant n'étaient pas des "pure laine" - alors qu'ils n'ont jamais revendiquer leurs actes en termes ethniques.
Comme le mentionne IP en réponse à mon court blog plus tôt cette semaine, la tragédie de Dawson est une chose, et la discrimination linguistique en est une autre. Quoique Wong mélange tout, on ne peut jeter du revers de la main l'idée qu'il y a discrimination linguistique au Québec. Certains évoqueront le passé douleureux teinté d'hégémonie anglophone dont les Québécois francophones ont été victimes jusque dans les années 60 pour justifier la situation favorable dont ils jouissent actuellement. Ce passé demandait une intervention étatique de façon à redonner "le Québec aux Québécois".
Mais qui sont ces Québécois? Là est la question... Nous nous rappelerons de la bavure de Parizeau qui attribua l'échec de 1995 sur la souveraineté au "vote ethnique" ainsi que ce qui se disait un peu partout en province sur la majorité de Québécois francophones qui avaient voté pour la souveraineté, insinuant au passage ce que Parizeau avait oser dire tout haut. Bien sûr, ce "purelainage" qui donnerait aux Québécois francophones dits de souche un statut de citoyen de première ligne est une idée répugnante (pour reprendre le terme de Wong). Toutefois, quand des arguments de discrimnation linguistique sortent de la bouche des Anglophones qui ne vivent même pas (ou plus) au Québec, leurs arguments manquent à mon avis de fondement. Les lois linguistiques du Québec protègent les deux peuples fondateurs (cette expression étant elle-même douteuse, étant donné la présence des peuples autochtones avant l'arrivée des Européens). Les anglophones de Montréal (puisque c'est surtout là qu'on les retrouve) ont leurs hôpitaux, leurs écoles, leurs cégeps, leurs universités en plus d'avoir maintes opportunités d'apprendre le français. Ainsi, quand on évoque les lois linguistiques comme preuve d'une exclusion, comme menace des droits de la minorité anglophone, souvent "on cherche à caricaturer la nation québécoise comme un regroupement ethnique pour invalider le nationalisme québécois et laisser entendre qu'il est fondé sur l'exclusion" (Michel Seymour, professeur de philosophie à l'Université de Montréal).
Cela dit, l'exclusion fait à mon sens partie du problème. Je crois que AP (que je remercie de prendre la défense du Québec) simplifie un peu le problème, qui est plus complexe que d'imputer le comportement des Québécois à la simple défense ou protection du français et non à une attaque envers les autres (notons les mots choisis ici, qui font souvent partie du discours nationaliste visant à victimiser les Québécois francophones pour les rendre sympathiques à la cause souverainiste). Je pense ici à l'exclusion des peuples autochtones, justement, mais aussi des nouveaux arrivants, allophones particulièrement. La loi 101 avait comme objectif d'orienter les choix linguistiques des allophones et à rétablir le statut du français dans la sphère publique, dans le monde scolaire et dans les domaines du travail et des affaires. Le français est alors devenu source de capital linguistique et économique, ce qui pouvait se justifier par la présence d'une majorité francophone vivant sur le territoire québécois. A mon sens, la discrimination linguistique se matérialise lorsque l'accès à ce capital linguistique est limité à un groupe d'individus au profit d'un autre et qui en retire des avantages symboliques (parler le français québécois comme un "pure laine", par exemple) ainsi qu'une mobilité économique plus aisée.
Peut-on concevoir que les personnes n'ayant pas accès à ce capital se sentent laisées? Certainement. Cela se produit-il au Québec? Oh que oui! Bien qu'ils crient haut et fort, je ne crois pas que ce soit les anglophones qui en soient victimes... ce sont plutôt les immigrants de première et de deuxième générations qui souffrent trop souvent en silence.

Don't want to be bothered? Please press 2!

Yesterday I went to Sears to buy appliances for my new place. I was so happy about my new stuff that I called my mom to tell her all about the options the stove had and how energy efficient my new washer would be.
Then today I got a call from Sears... an automated voice invited me in English to participate in a 5-minute survey about the new fridge that I had just bought. It couldn't possibly having been delivered yet, hence making any kind of survey about product satisfaction hardly relevant. As my mom could tell you, I'm excited about my appliances and a chance to talk about them is welcome, so when the voice switched to French and asked me to select number 2 to continue en français, I pressed 2. I was expecting the first question about my new fridge, but instead, this is what I got: Au revoir! (and click). I had just been disconnected for selecting French!!!!!
Now, Sears has stores nationwide and I can't imagine that customers in Québec are greeted in English when they pick up the phone and are invited to participate in a survey about product satisfaction. If that were the case, I am certain customers would have complained to the OQLF already. Thanks to Bill 101, this type of linguistic practices would be unlawful in Québec. In other words, there are good reasons to believe that the French version exists somewhere and should as a result be available nationwide relatively easily.
So what does the practice of "raccrocher au nez des clients francophones de l'Alberta" mean? I'm sort of amused, sort of offended, and sort of lost here...

20 septembre 2006

Pardon?!

La chroniqueure vedette du Globe and Mail, Jan Wong, affirmait il y a quelques jours que la fussilade Dawson s'expliquerait par le context linguistique du Québec... C'est ce que nous apprend la SRC dans un article paru aujourd'hui... Je vous reviens là-dessus avec plus de détails, mais en attendant, vous pouvez lire la réaction québécoise...

29 juillet 2006

Consommatrice pas si avertie

L'autre soir, après un copieux repas avec un ami, nous sommes aller chercher notre dose de caféine. Au coin de la rue, il y avait un Second Cup et un Starbucks. "Pas Starbucks", je dis, invoquant l'origine américaine du commerce. Quel ne fut pas ma surprise d'apprendre que les employés de Starbucks sont syndiqués et mieux payés que chez les concurrents. Hum! Une petite recherche sur Internet m'apprend que la compagnie achète non seulement du café équitable, mais elle est aussi bien cotée dans un rapport de Corporate Social Responsability. Je me dis qu'après tout, il vaut peut-être mieux acheter américain puisque Second Cup ne mentionne rien de tel sur son site web.

Puis ce matin, allumant nonchalament la télé, je tombe sur un reportage de RDI portant sur les djambes (ou tam-tams) africains, objet touristique prisé par les occidentaux, pas toujours pour ses vertus musicales mais pour la note exotique qu'il ajoute à son salon. Cet instrument est fabriqué à partir d'un arbre que l'on arrache à une terre qui n'en a déjà que très peu. Résultat: la désertification avance... Bien entendu, la plupart des joueurs de tam-tam, même ceux qui font danser la foule les dimanches au bas du Mont-Royal, n'en savait rien.

Quel rapport ente ces deux anecdotes, me direz-vous? Eh bien... simplement que cette semaine, je me suis fait à deux reprises la réflexion suivante: pour être un citoyen qui se dit réellement soucieux du sort réservé aux plus faibles, on ne peut plus simplement crier au scandale Wal-Mart ou au boycott de toute corporation. Il faut s'informer, puis s'informer encore pour devenir et rester un consommateur averti et réfléchi.

09 mai 2006

Avez-vous soif?

According to Stats Canada:
  • Canadians have access to 20% of all fresh water
  • Canadians consumed 344,79 litres EACH in non-alcoholic beverages (tea, coffee, bottled water, pops, and juice) in 2001
  • Industries use 94% of all the water that is consumed in Canada.

Considering the last number, I was very happy to learn that the Québec administration was getting ready to tax water bottle companies and other industrial businesses that use water to make profit. Charest is doing something that pleases me, at last!

As good as this may be, the Edmonton Journal informed me that Canadians rank 21st in their daily drinking of bottled water. Canada also supplies more than half of the United States’ need for bottled water, a neighbour that is, as we all know, very thirsty in general, and for water in particular - it’s the 10th largest consumer of bottled water. And our obsession for “pure” water, here and abroad, is threatening the planet’s ecosystem.

Think about it in economic terms. How much does one pay for a bottle of 500 ml of water at his favourite convenience store? A dollar? People get mad because the price of oil is above a dollar a litre! Don’t get me wrong: I’m all for alternative energy sources. If oil prices can encourage people to swap their SUVs for a bicycle, I’ll be happy to share the paths with more bike users. In any case, would SUVers still be willing to pay that much for fuel if there were a free alternative?

For those who claim that tap water is not safe to drink, or not as good as… 40% of all bottled water is actually…. tap water! And the Earth Policy Institute points out that there is no actual health benefits in bottled water.

Beyond these consumer alerts, what this consumption of water is doing to the environment is outrageous. Consider this (info by Earth Policy Institute published in the Edmonton Journal):

  • In India, water extraction by Coca-Cola for Dasani bottled water has caused water shortage for over 50 villages.
  • Tap water is distributed through energy sufficient infrastructures, but bottled water delivery consumes oil to produce plastic for packaging and fuel for transport… Making bottles for the American demand requires more than 1.5 million barrels of oil annually.
  • Globalization means more fuel… if you’re really into sparkling water, why buy Evian or Perrier when there is Canadian Clear or Canada Dry?
  • Non-recycled bottles take up to 1,000 years to biodegrade. In addition, 40% of the plastic bottles collected for recycling in the US are shipped to China, causing more fuel consumption.

Are you still thirsty? Get tap water!!!

Vraiment plus rien

Il y a quelques semaines, j'écrivais ma déception d'apprendre qu'Harper sabrait dans les dépenses reliées à l'environnement... Eh bien, ça continue, tel que l'explique Le Devoir de samedi dernier:

Le gouvernement Harper planifie pour plus d'un milliard de nouvelles compressions dans des programmes reliés à la lutte contre les changements climatiques, allant jusqu'à mettre la hache dans l'un des plus vieux programmes d'amélioration de l'enveloppe thermique des maisons, le programme ÉnerGuide.

En plus d'ÉnerGuide, deux autres programmes liés aux changements climatiques s'en allaient au hachoir. Il s'agit d'abord du Programme d'encouragement à la production d'énergie renouvelable, qui finançait 1500 MW d'énergies alternatives autres que l'éolien. La deuxième cible du gouvernement Harper est l'Initiative des villes durables (IVD), un programme qui finançait des projets pour réduire le bilan énergétique et environnemental des villes canadiennes.

07 mai 2006

Comme cuillère et fourchette


Un fait divers a retenu mon attention aujourd'hui. Un jeune Canadien d'origine philipine, 7 ans, a été réprimandé par l'éducatrice de son école de l'ouest de Montréal pour avoir mangé avec une cuillère ET une fourchette. Une recherche sur Google nous permet de contaster en un seul click qu'il s'agit d'une habitude culturelle très répandue aux Phillipines. Malgré tout, l'éducatrice en question aurait traité l'enfant de "cochon" et décrit sa façon de manger comme étant dégoutante. Voyez pour vous même la nouvelle sur Cyberpresse, The Chronicle et même sur The Manila Times. Ce fait divers a tant choqué la communauté phillipine que le quiproquo est pratiquement devenu un incident diplomatique!
Mais ce qu'il y a de triste, dans cette histoire, ce n'est pas tant que l'événement ait pris des proportions internationales. C'est plutôt la réaction de l'école et de la population en général. Le directeur d'école, selon les dires de la mère, aurait répliqué "Ici, ce n'est pas comme cela qu'on mange. Si votre fils mange comme un cochon, c'est normal qu'on l'envoie à une autre table." Sur le blog de Dominic Arpin, les réactions du public sont pour le moins xénophones.
La version de l'école est beaucoup plus contenue. On prétend que ce n'était pas la technique de l'enfant, mais plutôt ses manières à table qui étaient problématiques. Peu importe. Les Québécois ont du mal à accepter la différence, il me semble. Avec les communautés culturelles, ils se comportent trop souvent comme chien et chat... ou comme cuillère et fourchette!

29 avril 2006

Bilinguisme à la noix


J'ai lu récemment que les anglophones hors Québec qui déclarent parler français représentent 7% de cette population... quelle triste statistique!

Il n'y a pas longtemps, un journaliste du Toronto Star, Graham Fraser (un anglophone en passant), affirmait que les institutions kanadiennes ne valorisent pas suffisamment la langue française.
Anecdote intéressante: Fraser témoignait la semaine dernière à la télé d'un changement dans la formule excusant quelqu'un pour son manque de connaissance de la langue. De "Sorry, I don't speak French" on serait passé, tout bonnement, à "I don't speak French." Son essai du même titre, qui sera publié sous peu en français, accuse même les institutions fédérales AINSI QUE les universités du Canada anglais de traiter le français comme une langue étrangère. Cette dernière observation me porte à réfléchir pour une raison que ceux et celles qui me connaissent personnellment pourront reconnaître...
Fraser ajoute que la question linguistique est toujours d'actualité et menace l'intégrité du pays. Discours simpliste, alarmiste ou réaliste?

28 avril 2006

Vision pluraliste... ou fédéraliste ?

Remember my first blog? I wrote about the value of talking about all political stances in the schools so that students can develop their own opinion and exercise critical thinking and good citizenship. The Conseil de souveraineté du Québec had published a pedagogical tool advocating its political option and was being accused of being biased towards one option. Of course it is. Its members never hid their position and responded to the critics by saying that the book was published in reponse to federalist propaganda in the schools.

Now, this is what I read today in Le devoir regarding the new high school curriculum in history:

Le nouveau cours d'histoire du Canada et du Québec au secondaire, qui doit entrer en vigueur en 2007-08, fera peu mention de la Nouvelle-France ou des Patriotes et passera sous silence des épisodes comme l'acte d'Union de 1840, la conscription forcée de 1917 ou le rapatriement unilatéral de la Constitution en 1982. Le double objectif consiste à rendre l'histoire «moins conflictuelle», «moins politique» et davantage «plurielle», notamment en accordant une place plus importante aux autochtones et aux groupes non francophones, et à remplir la mission, devenue centrale dans la «réforme», «d'éduquer à citoyenneté».


Later in the article, we can read:
Dans le document, en effet, la période où a eu lieu la bataille des Plaines d'Abraham de 1759, la Proclamation royale de 1763 et l'imposition du serment du test (c'est-à-dire le reniement de l'Église catholique) fait partie d'une section dont l'intitulé est «l'accession à la démocratie dans la colonie britannique». On peut en effet découvrir ceci : «Alors qu'elle avait été autorisée dès 1763, ce n'est qu'en 1791 que, par l'Acte constitutionnel, la Chambre d'assemblée est créée.»

The conceptors of the new curriculum defend their position by arguing the following:

«Il s'agit de sortir du cadre habituel Il s'agit de sortir du cadre habituel d'une histoire structurée autour des conflits entre les francophones et les anglophones pour faire une histoire plus rassembleuse», explique Jean-François Cardin, un historien-didacticien de l'Université Laval... le professeur Jocelyn Létourneau, lui aussi de l'Université Laval et très critique du nationalisme, salue «l'ambition générale [de ce cours] d'en finir avec l'espèce de vision misérabiliste qui perdure dans la vision historique des Québécois.»
I bet you anything this won't get as much press as what the Conseil de souveraineté du Québec got a few weeks ago, when NOBODY was even suggesting to make the book part of the curriculum.

21 avril 2006

Insécurité linguistique... même sur Internet!

En lisant le journal ce matin, je suis tombée sur un article révélant les résultats d'une étude fort intéressante qui s'est amusée à comparer les pages web personnelles de 50 Français et de 50 Québécois, en postulant que leur site constituait en quelque sorte un «miroir identitaire.»
Quelle ne fut pas ma surprise de constater, avec un léger sourire de satisfaction d'abord et avec une mine de déception ensuite, que les Français et les Québécois ont des comportements culturels différents. Voici pourquoi :

Français et Québécois sont de proches cousins, mais personne ne niera qu'ils se distinguent à de nombreux égards. Deux psychologues français ont relevé de nouvelles différences culturelles en analysant la façon dont les uns et les autres se présentent au monde sur Internet. Leur conclusion: dans la société française, les femmes sont soumises aux hommes. Au Québec, ce rapport de force entre les sexes est moins marqué. Il se situe plutôt entre francophones et anglophones.
Victoire douce-amer en effet de constater que les Québécoises sont plus libérées que leurs voisines, mais de lire ensuite que les Québécois, autant les hommes que les femmes, sont «soumis» au monde anglophone. Les chercheurs avancent que

la société québécoise étant un micromonde dans le continent nord-américain (...) cette soumission, en l'occurrence au monde anglophone, produit une façon de penser le monde et surtout une présentation au monde qui intègre davantage des valeurs de rapports conflictuels, d'occupation du terrain ou de pouvoir.
Doit-on prendre au sérieux une telle interprétation? Les résultats, obtenus à partir d'une analyse lexicale automatisée et présentés dans le cadre de la 18e Conférence francophone sur l'interaction humain-machine tenue à la Polytechnique, portent quand même à réfléchir.

20 avril 2006

Jusqu'à c'qu'il n'y ait plus rien...

Last Friday I learned in Le Devoir that Harper was sending "15 programmes à la déchiqueteuse" (shredder) to save 105 million dollars, cutting the budget in programs fighting against global warming by 28%. Environment Canada will be hit BIG time as well, with a budget cut attaining 80% in its global warming programs (see You-Know-Who's blog for more details). This did not come as a big surprise, but it was a sad day nonetheless.

This morning, I was pleased to read in the same paper that 90 Canadian scientists, including researchers at Environment Canada, "ont signé hier une déclaration publique dans laquelle ils soulignent au gouvernement Harper 'l'urgence d'agir contre la menace des changements climatiques'." The newspaper indicates that this unprecedent initiative was a reply to an open letter - denying the global warming effects - published in the National Post by 60 scientists (only twenty of whom were Canadian). Our very own Gordon Swaters, mathematician and oceanographer at the University of Alberta, who had signed the first missive, also autographed the new declaration. One wonders... did oil lobbying had anything to do with his first signature?!

I really don't know what to do to help environmentalists. For now, my only reply - albeit a romantic one - to Harper's plans is this song, entitled "Plus rien", by les Cowboys fringants.

Il ne reste que quelques minutes à ma vie
Tout au plus quelques heures je sens que je faiblis
Mon frère est mort hier au milieu du désert
Je suis maintenant le dernier humain de la terre

On m'a décrit jadis, quand j'étais un enfant
Ce qu'avait l'air le monde il y a très très longtemps
Quand vivaient les parents de mon arrière grand-père
Et qu'il tombait encore de la neige en hiver

En ces temps on vivait au rythme des saisons
Et la fin des étés apportait la moisson
Une eau pure et limpide coulait dans les ruisseaux
Où venaient s'abreuver chevreuils et orignaux

Mais moi je n'ai vu qu'une planète désolante
Paysages lunaires et chaleur suffocante
Et tous mes amis mourir par la soif ou la faim
Comme tombent les mouches...
Jusqu'a c'qu'il n'y ait plus rien...Plus rien...Plus rien...

Tout ça a commencé il y a plusieurs années
Alors que mes ancêtres étaient obnubilés
Par des bouts de papier que l'on appelait argent
Qui rendaient certains hommesvraiment riches et puissants

Et ces nouveaux dieux ne reculant devant rien
Étaient prêts à tout pour arriver à leurs fins
Pour s'enrichir encore ils ont rasé la terre
Pollué l'air ambiant et tari les rivières

Mais au bout de cent ans des gens se sont levés
Et les ont avertis qu'il fallait tout stopper
Mais ils n'ont pas compris cette sage prophétie
Ces hommes-là ne parlaient qu'en termes de profits
...

14 avril 2006

Intégrisme nouveau genre

Funny how spending time outside of "home" gives you a critical eye on everything "your" people do or say. It is a very healthy yet sort of schizophrenic perspective that is sometimes refreshing, sometimes annoying. Being in Western Canada is interesting in that regard. I'm still home, but not quite, so this distance provides me just enough access to what goes on in Québec to stimulate my sceptical radar. The last saga...
The Conseil de la souveraineté du Québec (CSQ) (http://www.souverainete.info) recently published a pedagogical tool entitled Parlons de souveraineté à l'école. Their agenda is by no means hidden: they promote sovereignty. The goal behind their book couldn't be more obvious:

le Conseil de la souveraineté a lancé un guide pédagogique faisant la promotion de la souveraineté destiné aux élèves de la maternelle à l'université (http://www.radio-canada.ca/radio/maisonneuve).

Pretty straightforward, isn't it?
Now, I have not seen the book... I have just heard of comments here and there, so I cannot comment on the quality of the pedagogical materials. Nonetheless, it seems to me that everyone is so concerned with the public opinion that even André Boisclair, the Parti Québécois leader, dismissed its pedagogical value right off the bat. The consensus that emerged is that it should not be part of the curriculum. Okay, fair enough.
But let's ponder two aspects of the issue. First of all, this book was not commissioned by a governmental agency of any kind. A group of citizens thought that their opinion was as valid as anyone else's and decided to publish a book that would give teachers means to talk about an "other" political option. I think this deserves respect.
Secondly, people got mixed up between the real issue and their own emotional and political nonsense. Some talked about skewed curriculum, the greatness of our country, and even indoctrination. Wait a minute here... If children are NOT learning about sovereignty in school, what it means and would entail, but only discuss traditional Canadian history and political system, couldn't THAT qualify as indoctrination? It seems doubtful that pupils are actually learning about all political options, as CSQ points out:
Le Conseil de la souveraineté juge nécessaire de publier un tel outil en réponse à ce qu'il juge être de la propagande fédéraliste en milieu scolaire. Publié aux éditions Les Intouchables, l'ouvrage sera disponible en vente libre, mais ne sera pas imposé dans les écoles (http://www.radio-canada.ca/radio/maisonneuve).
In any case, it became clear to me that very early on in the debate people forgot about the very purpose of the book itself. Our responsibility as adults towards our children is Education, that's right with a big E. I got so upset that I decided to write a response in Le Devoir (April 5, 2006). Here is my reaction:

Il ne s'agit pas ici de faire le procès de l'idéologie souverainiste ou fédéraliste, mais simplement de décider si nous voulons, oui ou non, donner à nos enfants les outils nécessaires pour devenir libres penseurs et citoyens avertis. Nous savons tous que les livres d'histoire présentent une version biaisée de la réalité, celle des conquérants bien sûr. Le meilleur exemple nous vient des Antilles françaises, où pendant longtemps on apprenait aux écoliers qu'ils étaient descendants... des Gaulois !


Une initiative visant à informer nos élèves de toutes les options politiques existantes, à leur permettre d'analyser le pour et le contre de chacune, me semble tout à fait sensée. Ils n'en seront que mieux servis et pourront prendre une décision réfléchie lorsqu'ils se présenteront aux urnes. Pourquoi avons-nous peur de former nos jeunes esprits à développer leur pensée critique ?

Nous nous indignons lorsque les écoles américaines refusent de mettre à leur programme la théorie de l'évolution... Faire de l'option souverainiste un tabou ne revient-il pas à un intégrisme nouveau genre ?

Since you're probably wondering... As for my own position on the independentist option, I have spent so much time outside of Québec that I don't know anymore. But one piece of advice, if I may: for those of you Canadians who did not understand my comment in Le Devoir, hurry up and learn French before it's too late...